Les droits des enfants handicapés sont souvent sous-estimés et négligés, malgré le fait qu’ils vivent souvent des quotidiens difficiles et ont des besoins spécifiques suivant le(s) type(s) et le niveau de leur(s) handicap(s).
La section Politique Sociale du bureau de l’UNICEF à Madagascar intègre actuellement parmi ses activités de génération de données probantes la première Analyse de situation des enfants handicapés à Madagascar. Plus de 600 enfants handicapés et leurs parents se sont exprimés sur leurs défis quotidiens et leurs besoins spécifiques selon le type de handicap afin qu’ils puissent être entendus et jouir pleinement et de manière adaptée de leurs droits, notamment liés aux différents secteurs sociaux.
C’est le cas d’Eldino, 10 ans, vivant avec un double handicap congénital. Il ne sait ni marcher ni se tenir debout tout seul (handicap moteur) et ne peut pas articuler clairement (handicap de communication). Par ailleurs, il accède difficilement à une éducation de qualité et à des services de soins adaptés. Quotidiennement, sa mère l’assiste pour se laver, se nourrir … en plus des tâches ménagères dont elle est également responsable. Elle doit également le porter sur son dos pour les déplacements, vu qu’ils n’ont aucun équipement adapté au handicap du garçon.
Dans sa ville, une école spécialisée prend en charge des centaines d’enfants handicapés. Certains sont inscrits dans des formations vocationnelles telles que la couture, la poterie, etc. D’autres suivent un programme scolaire spécifique selon leur niveau d’apprentissage dont Eldino. Dans sa classe, il étudie avec des enfants de tout âge, vivant avec différents types de handicap. Selon ses parents : « c’est la meilleure option éducative pour lui au lieu d’une classe inclusive, vu que les instituteurs(-trices) sont formé.e.s adéquatement. De plus, il est conscient de sa situation et du fait qu’il ne pourra pas s’adapter aux méthodes pédagogiques « normales » ». En effet, malgré qu’il ait une certaine capacité à comprendre les leçons, il n’arrive pas à s’exprimer et il est donc difficile pour les instituteurs d’évaluer son apprentissage.
Côté santé, Eldino bénéficie d’une rééducation spécifique à son handicap moteur au sein d’un centre spécialisé, mais aucun soin relatif à sa déficience en communication ne lui est prodigué. Quand il est malade et approche un centre de santé, il ne bénéficie d’aucun traitement de faveur du fait de ses handicaps.
D’autre part, il ne bénéficie d’aucun service social spécifique au vu de son double handicap. Il ne jouit d’aucune mesure de protection sociale provenant du gouvernement ou d’autres institutions ; ni même d’un accès indépendant à l’eau, l’assainissement et l’hygiène. « C’est toujours nous qui lui offrons à boire à la maison et à l’école il boit ce que l’institutrice lui donne. Il n’y a pas non plus d’endroit adapté où il peut se laver les mains de manière autonome. Pour la toilette, il n’y a personne pour l’aider à faire ses besoins quand il est à l’école alors qu’il ne sait ni se déplacer seul ni parler pour demander de l’assistance», raconte son père.
Eldino est privé de ses droits en tant qu’enfant, en plus de ses droits en tant que personne vivant avec un handicap. Ainsi, cette première analyse permettra d’aboutir sur plusieurs propositions de stratégies pour renforcer la réalisation des droits des enfants et adolescents vivants avec un handicap à Madagascar. Celles-ci pourront être considérées spécifiquement lors de l’établissement de la Politique Nationale d’Inclusion du Handicap à Madagascar.
Source : UNICEF